Gustave-Emile, le grand-père des propriétaires actuels de Jacot Des Combes (JDC), est né en 1875 et son frère Pierre-Raoul en 1883. Dans cette famille, on n'hésitait pas à aller découvrir le monde: Henri, le frère aîné, après avoir appris le métier d'horloger est allé créer une plantation de cacao à St-Domingue dans les Antilles.
Il y fait venir son frère Gustave qui est formé à l'école industrielle de Lausanne. Pendant ce temps, Pierre, le petit dernier devient lui aussi technicien. S'il ne part pas avec ses frères aux Antilles, il a tout de même des relations dans le domaine de la technique avec une entreprise spécialisée dans la fabrication de clôtures pour les bestiaux aux Etats-Unis, plus précisément à Adrian, petite ville du Michigan. Pierre obtient en 1909 le droit de représenter en exclusivité pour la Suisse, la société américaine Page Woven Wire Fence Company pour la fabrication de treillis spéciaux Page.
En 1911, les deux frères, Gustave et Pierre, fondent une entreprise de clôtures et articles en fil de fer. Nous savons qu'ils commencent avec la célèbre clôture Page fabriquée sur une machine importée directement du Michigan. Cette machine a été livrée dans quarante caisses, mais sans plans de montage ! Les deux frères sont efficaces et en 1914, la société Jacot Des Combes et Cie expose déjà ses produits à l'Expo nationale de Berne, juste avant le début de la première guerre mondiale. Pour faire face aux demandes des clients de la jeune société, Pierre quitte son poste au Technicum Cantonal de Bienne pour travailler à plein temps avec son frère au développement de l'entreprise.
Au chemin du Parc, en bordure de la Suze, les deux frères construisent successivement trois ateliers et un entrepôt pour le matériel. Avant les années 1920, le développement réjouissant des affaires a nécessite davantage de place pour fabriquer du grillage tissé sur des machines ou fabriqué presque à la main pour le grillage ondulé ce qui prenait encore plus de place. Il fallait ensuite monter le grillage dans des cadres comme on le voit sur les illustrations. Dans un premier temps un terrain est loué à Nidau, puis il est remplacé en 1941 par l'achat de deux ateliers plus vastes construits à la rue d'Aarberg. C'est sur ce terrain, dans des ateliers assez rustiques, qui est ensuite regroupé la production du treillis avec la première génération des machines à treillis à simple spirale et celle pour faire le grillage ondulé. Probablement un plus tard, la machine à produire du fil de fer barbelé arrive aussi à la rue d'Aarberg.
Les produits sont multipliés à cette époque: Supports pour vélos, portails, divers articles de serrurerie tels que des gonds, des fermoirs de portes de différents modèles, etc... Des machines diverses permettent d'augmenter la rentabilité par rapport au travail manuel. Si l'on se réfère aux documents de l'époque, on ne peut qu'être admiratif devant tant d'ingéniosité pour faire un travail de grande qualité avec des moyens limités.
L'entreprise JDC se spécialise dans la pose de clôtures, mais elle fait aussi des sondages pour trouver de l'eau au moyen d'un équipement développé par les deux frères et posent des pilotis en béton jusqu'à plus de 6 mètres de profondeur. Les grillages pour volières en fils d'acier de faibles diamètres, presque invisibles, deviennent une spécialité qui ouvre le marché des jardins zoologiques en Suisse et à l'étranger: on peut citer ici celui de Bâle, de Zürich, le Dählhölzli de Berne. Le grillage Page est apprécié pour sa solidité et sa relative discrétion.
Les premières volières exportées partent à Anvers, en Belgique. De nombreux atouts techniques sont mis en valeur dans les publications de l'entreprise: par exemple la clôture Page, fabriquée en acier à haute limite élastique permet de mettre une distance entre poteaux de cinq mètres, quelle que soit la hauteur, ce qui baisse le coût au mètre de cette clôture par rapport à du treillis simple torsion.
Une photo de catalogue montre une voiture Ford Eiffel (modèle 1938) qui enfonce légèrement la clôture sur la première image, puis elle recule sur la seconde image et la célèbre clôture Page se remet en place sans déformation permanente. La même photo est reprise dix ans plus tard, mais la voiture est une Jeep rachetée aux surplus américains en 1946. Les instruments de publicité de l'époque sont constitués de catalogues, longues listes de références de clients, mais aussi de photographies stéréoscopiques faites sur des plaques en verre des Frères Lumière. Pour les visionner, elles sont placées dans un appareil en bois muni d'oculaires que l'on place face à une fenêtre pour obtenir la lumière. L'impression de relief en est parfaite et ce matériel est encore parfaitement opérationnel de nos jours.
JDC utilise la 3D pour montrer les barrières de référence à ses clients. La fourniture de matériel militaire apporte aussi des revenus à l'entreprise, puisque les barbelés destinés aux militaires sont mis en formes en anneaux extensibles selon le procédé Ribard, nom du général français qui fait en 1915 la promotion de ce procédé de défense des tranchées. La version suisse a ceci de particulier, qu'une fois déployés, il est possible de les replier pour un usage futur. Ces versions militaires de barbelés appelés en allemand Walzen, terme très descriptif, quand ils sont posés, sont d'abord fabriqués à la main en plaçant des plaquettes de liaison entre deux anneaux successifs tous les 2/5 de tour au moyen d'un poinçon, d'une enclume portative et d'un marteau. On a de la peine à imaginer combien d'ampoules les ouvriers ont dû se faire aux mains en faisant ce travail.
Dans le sens de la récupération du matériel, une machine permet de rappondre des chutes de tubes pour en faire des poteaux. La soudure est faite par soudage à résistance électrique, cela provoque un léger bourrelet qui est ensuite meulé. A cette époque, le coût de la matière l'emportait souvent sur celui du travail. En 1942, pendant la guerre, le décès de Pierre Jacot, emporté par une maladie, crée un sérieux traumatisme. Gustave a alors 67 ans et il appelle son fils Henri, âgé de 22 ans seulement, à entrer dans l'entreprise. A cette époque, ce dernier faisait un stage aux CFF entre deux périodes de mobilisation. C'est aussi l'occasion de transformer la structure de la société pour en faire une Société Anonyme, dont le capital était entièrement détenu par Gustave et les héritiers de Pierre.
Après guerre, le fils Henri et son père Gustave unissent leurs talents pour développer l'entreprise. Comme les pelles doubles, les tarières, des gonds, des serrures. L'entreprise se développe en augmentant sans cesse son offre de produits.
Au début des années 1950, c'est aussi sur le terrain de la rue d'Aarberg nait ce que l'on nommerait aujourd'hui une start-up: l'entreprise Posalux, dont la spécialité initiale est la production de machines à poser le radium sur les cadrans de montres et qui fait par la suite des machines transfert d'usinage dont toute la tôlerie est réalisée par JDC jusque dans les années 1990.
En 1955, Gustave, âgé de 80 ans décide de se retirer de la direction de l'entreprise et c'est Henri qui négocie avec la ville de Bienne un échange de terrains. Il céde le chemin du Parc 10, en échange d'un terrain hors de ville à l'époque, à la rue Gottstatt. Il vend aussi le terrain de la rue d'Aarberg et construit une grande usine avec une halle de plus de 2'000m2 montée par l'entreprise des Ateliers de Construction Métallique de Vevey Une nouvelle diversification est crée par Henri: les coffrages perdus en tôle. C'est une idée d'un de ses amis ingénieur civil, Franz Wilhelm, qui est rétribué pour le brevet qu'il a déposé. Il s'agit de tubes de diamètres situés entre 25 et 80 cm placés au milieu des dalles en béton pour en alléger le poids et diminuer la consommation de béton. Après quelques essais réalisés en tôle pliée, deux machines destinées primitivement à la fabrication de tubes de ventilation sont achetées à l'entreprise Spiro en Norvège et sont transformées au début des années 1960 pour produire en quantités importantes ce nouveau produit qui fest nommé Cofratol. Les développements techniques portent sur tous les domaines d'activité de l'entreprise. De nouveaux accessoires, les capuchons de poteaux faits en aluminium en une seule passe remplaçent les anciens modèles en acier zingué, une nouvelle manière de produire les plaquettes de fixation de fils permet d'obtenir les plaquettes emballées à partir de la bande d'aluminium sans intervention manuelle.
Les remises en questions des méthodes de production sont permanentes. Le père comme le fils n'ont jamais eu de côtés paternalistes, pourtant si répandus à cette époque. Ils ne sont pas sensibles aux aspects extérieurs de la richesse, mais très attentifs au bien-être de tous les collaborateurs. L'horaire libre est né du besoin de certains de commencer très tôt la journée, alors que d'autres sont plus efficaces en fin d'après-midi. Le salaire mensuel est aussi accordé très tôt, mais en même temps, des compteurs de fonctionnement de l'arbre principal des machines treillis sont installés pour que les opérateurs puissent chercher eux-mêmes comment obtenir davantage de production de leurs machines. Gustave, à plus de 80 ans, a son petit domaine dans l'usine, c'est lui qui travaille le bois quand il faut fabriquer des caisses pour les sardines des "Ribard" ou pour faire des palettes spéciales pour les torches de fils. Il travaille jusqu'en 1962 et il a encore pris le temps avant cette date les dimanche matin, d'apprendre à son petit-fils Jacques à utiliser les principales machines de l'atelier. Le fondateur de l'entreprise décéde à l'âge de 89 ans en 1964. Henri et sa sœur May restent les seuls propriétaires de la société anonyme Jacot Des Combes SA. La sœur fait totalement confiance au frère, ce dernier a besoin d'interlocuteur et de personnes qui remettent ses idées en cause. Il sait à cette époque s'entourer d'excellents collaborateurs commerciaux et financiers qui s'impliquent dans l'entreprise comme si c'est leur propre entreprise.
Du point de vue social, les années 1968 se passent sans difficultés dans l'entreprise JDC. La concertation entre direction et employés est déjà acquise. Dans les années 1970, notre pays est aussi secoué par des initiatives xénophobes: ces questions sont bien entendu discutées, toutes les opinions sont représentées dans l'entreprise, mais la direction exige de chacun le respect de l'autre et les principes éthiques ont toujours la primeur. Une occasion se présente à la fin de la décennie. En effet, la société Girardot SA est au bord de la faillite. La famille Girardot est en relation régulière avec JDC depuis la première partie des années 1950. L'entreprise est aussi active dans le grillage et les deux sociétés collaborent en produisant ensemble une serrure de portes de jardin depuis de nombreuses années. L'entreprise ne compte plus que vingt-cinq collaborateurs et les quatre-vingt-cinq pourcents du capital ont été repris par JDC. Les années 1990 sont riches en événements pour JDC.
La remise en route de Girardot occupe beaucoup la direction et le conseil d'administration. Il faut remonter cette entreprise, d'abord l'assainir financièrement, puis recréer des produits modernes adaptés au marché. Les portails coulissants sont conçus en collaborationLa société Girardot a nécessite beaucoup d'investissements qui ne peuvent être réalisés qu'avec le soutien actif de la maison mère: un nouveau bâtiment, une installation de peinture par poudrage et une équipe commerciale de plus grande envergure ont nécessitent bien des efforts.
Dès les années 2000, Jacot Des Combes décide de diversifier ses produits et d’y amener plus de valeurs ajoutées. D’abord dans le domaine de la haute sécurité avec de nouveaux concepts de clôture anti-intrusion qui permettent d’équiper une première prison en 2002. Tout le concept, l’électronique, les bavolets actifs et la détection à l’aide de fibres optiques sont développés en interne, ce qui permet de maitriser le concept de détection dans sa globalité. Jacot Des Combes décide ensuite de développer des contrôles d’accès : une première borne automatique électro-mécanique naît dans les ateliers de Bienne puis un tourniquet qui est peu à peu étendu à une gamme complète.
Dans les années 2010, la volonté d’innover s’accentue et Jacot Des Combes s’intéresse de près au monde des énergies renouvelables: aux produits qui intègrent des concepts de développements durables et à ceux qui permettent demain de combiner au mieux l’énergie solaire et énergie électrique pour l’alimentation de portails, le chauffage de l’eau de piscine ou sanitaire par des barrières solaires ou des projets de séchage industriel de fruits et légumes dans des séchoirs développés et brevetés par Jacot Des Combes. En 2015, la 4e génération de la famille revient dans l’opérationnel de la société Jacot Des Combes et en prend la direction.